Suite à des problèmes de santé, Laetitia a dû envisager une évolution professionnelle. Elle vient d’obtenir un master de psychologie dans le cadre d’une VAE et d’un congé de formation. Elle raconte son parcours.
J’ai obtenu un bac littéraire, puis j’ai suivi un cursus universitaire en psychologie (DEUG, Licence, Maîtrise, cours optionnels de Maîtrise, DU). En parallèle, j’ai été animatrice enfants comme «job d’été», ainsi qu’assistante-psychologue lors de différents stages.
À la fin de mon parcours universitaire, je cherchais vers quel domaine me diriger, et j’ai découvert mon métier dans un service du ministère de la Justice. J’ai passé le concours national en 2004, et j’ai intégré la fonction publique d’État comme titulaire en 2006, après deux ans de formation.
Après mon bac, j’avais une préférence pour le métier d’éducateur de jeunes enfants. Au fil de mon cursus universitaire, mon choix s’est affiné, et j’ai voulu lier mes connaissances, expériences et centres d’intérêt : le métier d’éducateur à la PJJ s’est alors imposé comme une évidence. J’ai investi ma fonction, puis au fil des années, j’ai diversifié ma pratique professionnelle au travers de différentes missions et projets de travail.
Ma situation a changé pour raisons de santé, imposant de nouvelles limites et une réorganisation professionnelle. J’ai refusé que toutes les connaissances, l’expérience, les compétences acquises au fil de mes années de formation initiale et professionnelle soient gâchées par cet aléa de vie. Et je ne pouvais pas imaginer ne plus être au service des autres, utiliser savoir-faire et savoir-être au bénéfice d’autrui.
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Au cours de mes recherches pour une reconversion professionnelle éventuelle, j’ai rencontré une Conseillère Point Relais Conseil VAE et Référente CAQ en Mission Locale. Elle m’a apporté des informations très utiles, notamment à travers un référentiel assez complet, ce qui m’a permis de découvrir la VAE que j’ai ensuite réalisée.
Honnêtement, j’ai eu beaucoup de mal à croire que je pouvais passer ainsi d’un métier à un autre sans reprendre un parcours scolaire classique. Je pensais aussi que ma formation initiale n’était plus d’actualité, que ma fonction actuelle n’avait pas assez de points communs avec la reconversion envisagée. Imaginez ! Une éducatrice qui prétend devenir psychologue, sans retourner sur les bancs de l’école !
J’avais aussi l’impression d’avoir perdu la capacité de reprendre un rythme «scolaire», me replonger dans les livres et cahiers, ça m’inquiétait un peu, après presque 10 ans de terrain… Mais je voulais vraiment continuer à utiliser ce que je savais et ce que je suis, valoriser tout ce vécu professionnel.
Il s’agissait d’une VAE avec le service formation continue de l’université de Rennes. J’ai pris contact avec le secrétariat qui m’a transmis le dossier de candidature et d’inscription, avec toutes les informations utiles et pratiques sur la démarche VAE. Ces informations ont été primordiales, car je n’avais à ce moment-là qu’une idée assez floue de ce qu’était une VAE.
Une fois ma candidature validée, il fallait remplir un dossier VAE. L’objectif est de mettre en valeur connaissances/expérience/compétences/qualités (personnelles et professionnelles) de la fonction actuelle, susceptibles d’être identiques et/ou transposables au métier ou diplôme visé.
J’ai posé ma candidature en décembre 2015, pour recevoir le dossier de demande de recevabilité qui a reçu une réponse favorable en février 2016, ce qui m’a permis de débuter le dossier VAE en mars 2016.
En parallèle de la rédaction du dossier, il y a eu des ateliers de préparation sur site, et surtout les contacts téléphoniques et mails (du fait de l’éloignement géographique) réguliers avec ma conseillère VAE. Je me suis présentée devant le jury VAE en juin 2017.
Dans mon cas, le jury a rendu une décision dite exceptionnelle : obtention totale du diplôme sous réserve de rendre un travail de recherche universitaire et une étude de cas pratique au cours de l’année suivante.
Mon administration a accepté ma demande de congé de formation pour 6 mois, et j’ai pu me consacrer à ces écrits jusqu’en juin 2018. Les appréciations des tuteurs désignés pour suivre mon travail ont été très favorables, la décision du jury avec l’obtention définitive du diplôme a donc été confirmée en juillet dernier.
Ce qui a été difficile, c’est de trouver un référent ou une brochure pour expliquer concrètement le sujet… De plus, du fait du décalage entre mon institution et l’université dans le délai de traitement des démarches administratives, je n’ai pas pu obtenir du temps libéré dans le cadre de la VAE, j’ai donc travaillé sur ce dossier les soirs et week-ends, vacances et temps libre. Ce qui a donc significativement rallongé le délai de réalisation et donc de remise du dossier.
J’ai eu la chance d’être accompagnée et soutenue par une équipe disponible et compétente, tout au long de l’élaboration de ce dossier VAE. Ce regard extérieur mais averti m’a permis d’approfondir, reformuler, mais aussi de raconter qui j’étais et ce que je faisais vraiment en tant que professionnelle.
La Cité des métiers de Rouen a également été un jalon important dans ma recherche d’informations et par des contacts décisifs. C’est ainsi que j’ai eu la chance de rencontrer une conseillère mobilité-carrière de la plate-forme régionale d’appui interministériel à la GRH de Normandie, qui a été d’un soutien et d’une disponibilité incroyables, et m’a apporté au fil des mois l’attention, les encouragements, et les informations utiles et pratiques dont j’avais besoin.
Enfin, j’ai trouvé dans certains services de ma direction territoriale (RH, formation) des personnes attentives et concernées, dont la compétence et l’investissement ont véritablement porté et maintenu ma motivation.
J’espère pouvoir rapidement valoriser ce diplôme obtenu, rester dans cette institution que j’ai choisie mais dans une nouvelle fonction, tout en m’offrant à l’extérieur des opportunités d’apprendre et d’évoluer dans ce domaine professionnel.
La VAE est un vrai travail sur soi et un questionnement professionnel passionnant. Mais qui demande beaucoup de réflexion, d’honnêteté, de temps et d’énergie. C’est aussi une démarche unique dans le sens où elle permet de réaliser tout ce qu’on est finalement capable de faire, tout ce qu’on sait, ce que l’on est, tout ce «quotidien professionnel» que l’on effectue comme une évidence, sans presque y penser.
Enfin, la démarche VAE m’a permis de m’adapter à une nouvelle situation de vie, sans pour autant renoncer à ma vocation professionnelle. C’est une vraie chance, qui mérite d’être accessible à tous.
J’ai toujours eu le privilège de faire un métier passionnant et enrichissant, et je souhaite que ça continue, malgré les aléas de vie.
Un conseil pour ceux qui souhaiteraient réaliser une VAE ? Surtout ne pas se décourager ! J’espère que ce dispositif va se développer et s’adapter au fil du temps, car j’ai parfois eu le sentiment d’un vrai parcours du combattant… Sans les bonnes rencontres, découvrir cette démarche, l’assumer (notamment face au fonctionnement administratif) et la porter jusqu’au bout aurait sans doute été très voire trop difficile…
Par-dessus tout, il ne faut pas renoncer, s’entourer des bonnes personnes, écouter toutes les suggestions utiles. Et surtout, ne jamais oublier que ce que l’on sait, ce qu’on a appris au fil des années, ce que l’on est, mérite d’être validé, quel que soit l’endroit où l’on a été formé, le temps passé, d’où l’on vient, ou l’âge.
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