Nicole a passé la première partie de sa carrière dans différents versants de la Fonction publique. Puis elle a choisi de devenir coach indépendante. Elle raconte sa reconversion.
Je suis entrée dans le service public complètement par hasard. Après un master 1 de droit privé, j’avais prévu de poursuivre avec un master 2 en criminologie au Canada, mais je n’ai pas pu concrétiser ce projet pour des raisons personnelles. Je me suis donc réorientée vers un master 2 dans les ressources humaines, au sein d’une école de commerce, en alternance. J’y ai effectué des stages dans le secteur privé. Les ressources humaines se sont avérées un bon compromis par rapport à mes centres d’intérêt professionnels, conciliant mes études de droit et l’intérêt pour l’humain que j’avais manifesté dans mon projet d’études en criminologie.
Un jour, pendant mon année de master 2, j’ai lu dans le Figaro grandes écoles, auquel mon école de commerce était abonnée, que la Marine nationale recrutait dans tous les domaines, notamment dans les ressources humaines, des jeunes femmes comme des jeunes hommes. Moi qui étais attirée par des environnements challengeants, sortant de l’ordinaire, j’ai postulé et ai été recrutée en tant qu’officier sous contrat.
Après cette expérience très enrichissante d’une durée de 4 ans, j’ai pensé retourner dans le privé. Mais quand j’ai commencé à envoyer des candidatures, je me suis rendu compte que j’avais, suite à cette première expérience très valorisante, beaucoup plus de réponses dans le secteur public que dans le secteur privé. J’ai été recrutée à la mairie de Neuilly-sur-Seine dans le cadre d’un CDD de droit public. J’y ai découvert la fonction publique territoriale.
Cette seconde expérience m’ayant bien plu, j’ai choisi de poursuivre ma carrière dans la Fonction publique. J’y suis donc restée en tant que contractuelle. Ce statut m’a permis de conserver mon autonomie, de me remettre constamment en question et d’être réellement actrice de ma trajectoire professionnelle. À la fin de chaque contrat, j’ai consulté les annonces, j’y ai répondu et ai toujours trouvé du travail, sans difficulté.
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J’ai été responsable du service bourse de l’emploi au Centre Interdépartemental de Gestion de la Grande Couronne. Puis, j’ai voulu faire une pause et ai accepté un poste un peu moins qualifié dans un cabinet de recrutement privé. Cela m’a permis d’avoir du temps pour m’occuper de mes enfants. Mais la Fonction publique me tendait encore les bras : j’ai été recrutée à la mairie de Saint-Germain-en-Laye comme responsable du pôle emploi et compétences, puis comme directrice des ressources humaines par intérim.
Ensuite, j’ai eu l’opportunité de découvrir un environnement parapublic : je suis entrée à l’assurance maladie, où j’ai exercé pendant 4 ans les fonctions de responsables RH départemental. Après y avoir géré des projets RH intéressants et transversaux, la mutualisation des fonctions support qui commençait à poindre m’a incitée à me rediriger vers un nouveau poste. Je suis alors retournée dans la fonction publique d’État, au sein des services du Premier ministre, à la PFRH (plate-forme interministérielle des ressources humaines) Île-de-France, en tant que conseillère mobilité-carrière (CMC).
C’est dans ce cadre-là que j’ai voulu me former, via le Cnam (conservatoire national des arts et métiers), à la démarche «portefeuille de compétences» : c’est une formation-action que j’ai financée moi-même et suivie sur mon temps personnel, sous forme de cours du soir. La formation consistait à faire son propre portefeuille de compétences et à apprendre à le faire faire aux autres : c’était intéressant pour moi, à double titre :
- sur le plan professionnel, les apprentissages étaient directement opérants dans ma fonction de CMC ;
- sur le plan personnel, entamant ma seconde partie de carrière, c’était l’occasion de faire un bilan de mon parcours professionnel et de mes choix de vie.
Lors de cette formation, j’ai pris conscience des deux dimensions/valeurs très importantes pour moi dans mon travail :
- la dimension sociale, dans le sens de la relation à l’autre ;
- et le besoin de me sentir utile.
Tout cela m’a amenée à m’intéresser au coaching, qui commençait à faire son entrée dans la Fonction publique : la fiche-métier «coach interne» venait notamment d’être intégrée au RIME (répertoire interministériel des métiers de l’État). J’ai voulu m’y intéresser de plus près.
Après avoir mené différents entretiens d’exploration auprès de coachs professionnels issus du secteur privé et de la Fonction publique, j’ai décidé de me former au coaching professionnel. J’ai essayé d’obtenir un financement interne, en démontrant à ma hiérarchie que cette formation serait une vraie plus-value pour mes fonctions de conseiller mobilité-carrière, sans succès. Décidée et convaincue de la pertinence de cette nouvelle orientation, j’ai encore pris sur mon temps et mes deniers personnels pour suivre et financer une formation de coach professionnelle.
Désormais forte de ma certification depuis deux ans, j’ai créé ma structure de coaching professionnel, individuel et collectif, à destination des structures publiques, Diotime coaching. Je me suis souvenue que, quand j’étais responsable RH, je rencontrais des prestataires issus du privé dotés d’une connaissance parcellaire de l’environnement public. Ils tentaient de me vendre des services et produits qui n’étaient pas adaptés à mon environnement.
Ma plus-value est là : avec mon expérience variée dans la Fonction publique, je peux davantage proposer aux DRH de structures publiques des prestations pertinentes que ne peuvent le faire des gros cabinets s’intéressant au secteur public uniquement pour des raisons lucratives.
Dès octobre 2017, j’ai pensé et construit mon projet de création d’entreprise, sur mon temps libre :
- la conception et rédaction de mon site internet ;
- l’élaboration de mon offre de service (coachings, formations et tous les types de prestations que je peux proposer),
- réflexion sur les modalités de démarchage commercial ;
- construction et validation de mon business model, etc.
En tant que contractuelle, je n’ai pas eu de démarche particulière à faire pour cesser mon activité à la PFRH : j’ai simplement attendu la fin de mon contrat, le 31 août 2018. On m’a proposé un renouvellement de contrat que j’ai décliné. Depuis le 1er septembre, je me consacre à plein temps à ma nouvelle activité, sous le statut d’auto-entrepreneur.
Cette reconversion m’a certes demandé un investissement personnel (et financier) important : le soir, je rentrais du travail, m’occupais de mes enfants, puis travaillais mes cours. Mais je n’ai aucun regret.
Ce qui a fait la différence pour réussir à me lancer, c’est que, lors de ma première semaine de cours de coaching, je me suis sentie vraiment «en phase». Pour la première fois, en 20 ans de carrière, je me sentais au bon endroit, au bon moment. C’était comme une évidence, comme une résultante logique de mes 20 ans d’expérience RH. C’est pourquoi je n’ai plus eu aucun doute.
Cela dit, je reconnais qu’être travailleur indépendant n’est pas donné à tout le monde : certains ont besoin d’être guidés, d’avoir des collègues, d’avoir un cadre. Moi, au contraire, je m’épanouis et me révèle dans ce nouveau statut : je n’ai jamais été aussi heureuse !
Il faut toujours être en veille, surtout dans le domaine des pratiques RH, en constante mutation. C’est passionnant et stimulant intellectuellement. Il faut également être polyvalente et assurer seule la comptabilité, le commercial, la rédaction des contenus pédagogiques ou la conception des séances de coaching, la réflexion à de nouvelles prestations en lien avec les évolutions RH. Il faut répondre aux appels d’offres, rencontrer sur le terrain les services RH ou les opérationnels, animer les interventions sur le terrain, trouver des partenariats avec des cabinets de plus grande envergure (qui recherchent des consultants connaissant de l’intérieur la Fonction publique), participer à des salons de recrutement… Bref, je ne m’ennuie jamais et peux, paradoxalement, plus facilement concilier ma vie professionnelle et ma vie personnelle puisque je travaille majoritairement à mon domicile.
Si toutefois mon cabinet n’était pas suffisamment rentable pour me faire vivre, je n’hésiterais pas à revenir dans la Fonction publique : cela ne m’inquiète pas, j’y ai toujours trouvé du travail facilement car je suis au clair sur mes compétences et mes aspirations professionnelles. J’y reviendrais forte de cette nouvelle expérience car tout échec est source d’apprentissage et fait grandir, et surtout j’y retournerais sans aucun regret car j’aurais essayé. Mais pour le moment, tout va bien !
Selon moi, la base de l’aboutissement d’un projet de reconversion est la CONFIANCE. Notre entourage peut nous décourager, non pas par malveillance, mais parce qu’il souhaite nous protéger : pourquoi prendre un risque quand on a un travail stable, intéressant et un salaire régulier ?
De mon côté, j’ai mis tout en œuvre pour préparer ma reconversion, baliser un nouveau chemin et limiter les erreurs : j’ai rencontré des coachs, je me suis renseignée auprès de nombreuses écoles de coaching pour trouver la formation qui me convenait, j’ai analysé les risques et opportunités de cette nouvelle orientation.
La réflexion était d’autant plus nécessaire que l’on ne peut pas dire que j’étais dans une situation de mal-être au travail. Par conséquent, une fois ce travail en amont réalisé, j’ai écouté cette petite voix intérieure et j’ai foncé. Quand on se fait confiance, on est capable de surmonter les obstacles, on peut déplacer des montagnes et rien ne nous arrête.
Pour conclure, la vie est trop courte pour travailler triste alors OSEZ…
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