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4 questions d’actualité sur les relations internationales, extraites de l’ouvrage “Relations internationales” (septembre 2020) – Collection Découverte de la vie publique – La Documentation française – ISBN 978-2-11-1571184-6
Un gouvernement mondial est-il envisageable ?
Le terme de gouvernement mondial désigne une institution politique qui définirait les orientations pour l’ensemble de la planète. Cette idée correspond à la conviction que les enjeux sont désormais globaux (environnement, pandémies, migrations…) et doivent être traités collectivement. Ce mode de gouvernement permettrait en théorie de faire émerger des solutions transnationales, l’échelle étatique n’apparaissant plus comme pertinente.
Pour ses défenseurs, ce gouvernement serait démocratique et fédéral. Philosophiquement, il s’inspire des projets de paix perpétuelle ou encore du principe du cosmopolitisme et d’universalisme d’Emmanuel Kant (1724-1804). Après la Seconde Guerre mondiale, l’ONU a pu apparaître comme une préfiguration de gouvernement mondial, avec des institutions spécialisées rappelant les thématiques prises en charge au niveau national par les ministères (agriculture, éducation…). La Charte des Nations unies serait alors une sorte de constitution mondiale, or elle n’est contraignante que tant que les États souverains acceptent de s’y soumettre.
Sur le plan théorique, le gouvernement mondial est critiqué pour sa dimension utopiste et son potentiel tyrannique. En outre, au lieu de marginaliser les États, la mondialisation les amène à renforcer leur rôle protecteur et régulateur. Leur capacité à émettre des normes permet de limiter le creusement des inégalités induit par la mondialisation. Enfin, le retour identitaire et la méfiance envers ces aspirations universalistes entraînent une nouvelle fragmentation de l’espace mondial. Cette résistance des États et du local est un défi majeur au projet de gouvernement mondial.
On pourrait alors en retenir un des aspects, celui de « gouvernance mondiale », consistant à coordonner les initiatives des entités étatiques et non étatiques face aux défis contemporains, mais prenant en considération, contrairement au gouvernement mondial, une multiplicité d’acteurs.
Quelle est l’influence des grands médias
en tant qu’acteurs internationaux ?
Les médias utilisent différents moyens pour diffuser l’information et l’analyse qu’ils en font : la presse écrite, les supports numériques, la télévision, la radio… Le rythme de plus en plus soutenu avec lequel ils rapportent l’information internationale leur permet d’accroître leur impact sur l’opinion publique (les deux étant étroitement liés). Or, dans les démocraties, l’opinion publique tient une place croissante dans la légitimation de l’action internationale des États, voire dans son orientation. En favorisant une interaction entre les responsables étatiques ou internationaux et l’opinion publique, les médias participent à l’état de droit, à une certaine transparence de l’activité internationale et au fonctionnement démocratique des États.
L’opinion publique se façonne au contact de l’information diffusée par les médias qui relaient par ailleurs les mouvements de fond qui la traversent. Les médias sont notamment attentifs au respect de leurs obligations par les différents acteurs internationaux. Mais les médias peuvent également servir de relais à une communication politique ou à des idéologies lorsqu’elles font le choix de diffuser un message orienté ou partial.
Néanmoins, les médias traditionnels sont aujourd’hui concurrencés, voire remis en cause par des réseaux sociaux ou des sites Internet qui diffusent des informations ciblées s’adaptant à la sensibilité ou aux centres d’intérêts de chacun de leurs affiliés. Ceux-ci ont alors tendance à s’enfermer dans des « bulles cognitives » (espaces virtuels où chacun partage le même type d’idées), favorisant ainsi une certaine fragmentation de l’opinion publique et la recrudescence des théories du complot.
En quoi Internet influence-t-il
la scène internationale ?
Internet constitue aujourd’hui un réseau de communication et
d’information incontournable pour les divers acteurs légaux
ou illégaux des relations internationales. Les réseaux sociaux
(Facebook, Twitter, Telegram, Periscope…) y tiennent une
place très importante ; ils se sont imposés dans :
– la conduite de la diplomatie : les termes de twitter diplomacy
ou #diplomacy qualifient cette évolution vers une
diplomatie numérique via les réseaux sociaux. Outre une
certaine banalisation, on assiste à une accélération significative
du temps diplomatique ;
– la révélation par des lanceurs d’alerte d’informations dissimulées
qui interfère avec les relations internationales et
mobilise l’opinion publique (par exemple Edward Snowden) ;
– la cristallisation rapide de certains mouvements de masse
comme les printemps arabes ;
– la diffusion de la propagande des acteurs illégaux des
relations internationales ; les moyens de communication
cryptés, les cryptomonnaies et le darknet (utilisation d’Internet
focalisée sur la confidentialité des échanges) peuvent
également servir à leurs trafics (armes, drogue…) ou au
blanchiment d’argent.
Internet peut aussi permettre des manipulations ou même
des déstabilisations internationales avec la dissémination
de fausses informations (fake news). Il constitue également
un champ d’action en matière de renseignement.
Enfin, Internet est devenu le champ d’une nouvelle forme de
conflictualité. Ainsi, autant les États que les OI et les acteurs
privés se protègent d’éventuelles cyberattaques (le terme
de cyberguerre a pu être utilisé) en développant la cybersécurité.
Par anticipation, les États développent des stratégies
pour le cyberespace et des capacités militaro-numériques.
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Existe-t-il une justice internationale climatique ?
La justice internationale climatique désigne les mécanismes
permettant d’engager des procédures en cas de manquement
des acteurs (étatiques, entreprises…) à leurs responsabilités
climatiques.
Dans ce domaine se sont développées des initiatives
citoyennes devant des juridictions nationales, mettant en
cause les États pour non-protection de l’environnement et
inaction dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette judiciarisation est également observable au niveau
européen, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)
jugeant recevable une assignation pour « inaction climatique ».
Au niveau international, la mise en oeuvre d’une justice climatique
est supposée permettre une meilleure application
des engagements pris par les États lors de la signature des
conventions sur l’environnement. En effet, si les normes
ne sont pas toujours contraignantes, il s’agit de vérifier les
dispositions qui le sont. Ainsi, l’accord de Paris de 2015 exige
des États signataires la mise en oeuvre d’un programme pour
réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’une
transparence sur les actions entreprises.
Or il n’existe aucun tribunal international climatique susceptible
de juger les acteurs ne respectant pas leurs obligations,
ou même coupables de crimes contre l’environnement.
Aussi, certains défenseurs de l’environnement promeuvent-ils
un élargissement des compétences de la Cour pénale
internationale pour lui permettre de traiter des questions
environnementales, via l’inscription de la notion d’« écocide »
(crime contre l’environnement) dans ses statuts. Il s’agirait de
pouvoir condamner les individus responsables de décisions
politiques menant à la dégradation grave d’un écosystème
(déforestation, assèchement d’une mer, déversement de
produits toxiques, marée noire…). Le manque de consensus
pour une telle évolution la rend à court terme peu probable.
Enfin, la justice internationale climatique concerne les
rapports Nord-Sud. Plusieurs ONG – comme celles de la
coalition Climate Justice Now ! née en 2007 – demandent
ainsi une reconnaissance de la responsabilité différenciée,
autrement dit d’une dette climatique historique du Nord
envers le Sud, contractée depuis l’ère industrielle.
© Direction de l’information légale et administrative, Paris, 2020
Ce livre sous forme de questions-réponses, est une introduction accessible et attrayante aux relations internationales.
Table des matières détaillée du livre RELATIONS INTERNATIONALES
Table des matières – Relations internationales
Les auteurs
Xavier Pacreau
Maître de conférences en droit public,
responsable de l’International and European Law School
et du Centre de recherche sur les relations entre les risques
et le droit (C3RD) à la Faculté libre de droit (FLD)
de l’Université catholique de Lille (campus de Paris)
Chercheur associé au centre Thucydide
de l’Université Paris II, Panthéon-Assas
Juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile
représentant le Haut Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés
Manon-Nour Tannous
Maîtresse de conférences
à l’Université de Reims Champagne-Ardenne
Chercheure associée à la chaire d’histoire contemporaine
du monde arabe au Collège de France et au Centre Thucydide
de l’Université Paris II, Panthéon-Assas
Présidente du Cercle des chercheurs sur le Moyen-Orient
Rédactrice en chef de la revue Maghreb Machrek
Découverte de la vie publique est une collection des éditions
de La Documentation française qui a pour vocation de présenter
de façon à la fois pédagogique et rigoureuse le fonctionnement
des institutions et de la vie publique en France.