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Angélique, 35 ans, éducatrice de la PJJ en congé de formation professionnelle

Éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse depuis 7 ans, Angélique a demandé un congé de formation professionnelle afin de pouvoir se consacrer à sa thèse. Elle prépare aussi, en parallèle, le concours de directeur des services PJJ. Elle raconte son parcours.

Mon parcours avant le congé de formation professionnelle est caractérisé par sa diversité. Après l’obtention d’un baccalauréat littéraire en 2001, je m’orientai vers la faculté de droit. J’obtins une maîtrise de droit privé à la faculté de droit de Metz en 2005. Ensuite, je me dirigeai vers un diplôme d’études approfondies DEA en droit privé et sciences criminelles, spécialité «droit de la famille», à la faculté de Strasbourg, en 2006.

Deux choix s’offrirent alors à moi : soit je poursuivais vers la recherche universitaire et me dirigeais vers un doctorat, soit je choisissais la voie professionnelle et passais les concours. Je choisis de me diriger vers la deuxième voie et de passer le concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature.

Après un échec au passage du concours en 2007, j’ai travaillé deux années au tribunal de grande instance de Saverne en tant qu’assistante de justice, années durant lesquelles je passai à nouveau des concours ; finalement, à l’issue de la deuxième année, et après avoir diffusé mon curriculum vitae sur un site internet, j’intégrai un cabinet d’avocats franco-belge au Luxembourg en tant que juriste et gestionnaire de sociétés en 2008.

À la suite d’une année d’activité, et consécutivement à la crise bancaire, je fus licenciée en 2009. Je m’inscrivis alors à Pôle emploi. Je fis alors le choix d’une reconversion professionnelle et, fragilisée par la précarité de l’emploi dans le secteur privé, je me dirigeai vers la Fonction publique et le service public, plus sécurisants. Par ailleurs, dans ma tâche au Luxembourg, je ne me sentais pas à ma place et me suis dirigée vers le service public afin de me sentir utile et de travailler pour une cause intéressante.

Après avoir listé ce que je voulais, ce que je ne voulais plus, et les domaines qui m’intéressaient, je fis le choix d’intégrer l’IUFM de Lorraine pour préparer le passage des concours des métiers de l’éducation, et plus particulièrement conseiller principal d’éducation (CPE). En parallèle, je fis le choix de passer le concours d’éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

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Après une première tentative infructueuse dans les deux concours, étant sur liste d’attente du concours d’éducateur de la PJJ, je fis le choix d’intégrer un collège réseau ambition réussite pour travailler avec les jeunes en difficulté en tant qu’assistante d’éducation. J’intégrai alors le collège Jules Ferry de Woippy en 2010. En parallèle, je repassai uniquement le concours d’éducateur à la PJJ, ayant constaté que je souhaitais me tourner vers l’éducatif, certes, mais également demeurer dans la justice.

Je fus reçue et intégrai alors l’École nationale de la protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) en 2011. J’y fus formée durant deux années, puis fus titularisée au Service territorial éducatif de milieu ouvert (STEMO) de Metz.

En septembre 2013, à la même date que celle à laquelle je fus titularisée sur mon poste, je démarrai mon travail de thèse et m’inscrivis en doctorat auprès de l’Université de Strasbourg, où j’avais effectué mon DEA huit ans plus tôt.

Cette démarche a été issue de ma volonté d’aller jusqu’au bout de mon cursus universitaire et d’obtenir un doctorat de droit, de mon envie de rédiger une thèse depuis le début de mon parcours universitaire, et de l’opportunité que cela pourrait constituer pour intégrer l’École nationale de la magistrature (ENM) sur dépôt d’un dossier par la suite.

En 2015, je déposai un dossier pour intégrer l’École nationale de la magistrature. Cette démarche fut déclarée prématurée par les autorités chargées de la sélection des candidats, qui me conseillèrent de terminer mon doctorat avant de déposer à nouveau une candidature.

J’ai été en activité dans ce service (STEMO de Metz) durant cinq années en tant que titulaire, jusqu’à ce que je demande mon congé de formation professionnelle.

La décision de prendre un congé de formation professionnelle a été le fruit d’une longue réflexion. J’eus connaissance de cette opportunité par une collègue qui était sous ce régime administratif lors d’un passage en master 2 de droit. Je m’étais renseignée par la suite auprès de la direction interrégionale (DIR), sur le point de savoir si ce régime administratif était envisageable dans le cadre d’une thèse, demande à laquelle la réponse a été favorable.

L’idée provint d’un séminaire effectué avec la faculté de droit de Strasbourg et qui s’est déroulé en avril 2016. J’y ai rencontré une enseignante qui me dit, lors de la conversation, que la rédaction d’une thèse nécessite de se retrouver six heures par jour sur sa thèse et rien que sur sa thèse, et que peut-être faudrait-il que j’envisage de prendre pour moi six mois loin de mon activité professionnelle.

La sixième et dernière année de doctorat arrivant, j’ai démarré la réflexion à propos du montage de dossier en novembre 2017, sachant que je projetais de démarrer une période de rédaction en septembre 2018. Je décidai de me caler sur l’année universitaire, et, après en avoir échangé avec ma directrice de recherche, projetai de demander un congé formation professionnelle de septembre 2018 à juin 2019.

Je rencontrai alors la personne de la direction interrégionale chargée des conseils relatifs à la carrière. Celle-ci s’avéra d’une grande ouverture, d’un grand soutien ce jour-là et tout au long de ma démarche. Nous avons décidé que je pose d’abord le reliquat de mes congés, les jours reposant sur mon compte épargne temps, puis les jours que je cumulais au titre de mon droit individuel à la formation, dans le but non seulement d’être rémunérée à 100 % de mon traitement durant ces périodes-là, mais aussi d’économiser du temps de congé de formation professionnelle pour l’avenir.

Nous avons mis en doute la recevabilité du dossier, dans la mesure où la rédaction d’une thèse n’est pas une formation classique, soumise à un émargement quotidien, contrairement à une année de formation universitaire diplômante. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à craindre un refus de l’administration centrale. En effet, si je n’étais pas dispensée en totalité de mon activité professionnelle, celle-ci étant éprouvante et son exercice quotidien empêchant la rédaction d’une thèse plusieurs heures par jours, tant concernant le temps disponible que la réalité psychique, je ne pourrais mener à bien mon projet. Le système de Fonction publique, choisi à l’époque car rassurant et sécurisant, se montrait à ce moment-là enfermant et plaçant ses agents dans une situation de dépendance et de redevabilité à son égard.

Après des rencontres avec la responsable d’unité éducative au sein de laquelle je travaille et avec le directeur de service, nous actâmes les dates de pose de congés et je constituai le dossier de demande de congé de formation professionnelle, que je transmis par la voie hiérarchique, vers le mois de février 2018. Il est à préciser que la responsable d’unité et le directeur de service m’ont toujours soutenue et encouragée dans mon projet, ce qui me facilita la tâche.

À partir de là commença une période que j’évaluai comme longue, et la crainte que ma demande ne soit pas acceptée. Toutefois, le fait que j’avais fait ma part du travail en déposant ma demande était de nature à me rassurer. Le dossier mit un mois et demi à circuler depuis la direction du service jusqu’à la direction interrégionale. Une fois le dossier parvenu à l’administration centrale, la réponse favorable à ma demande fut rédigée trois jours plus tard et me parvint une semaine et demi plus tard. L’acceptation du dossier fut finalement rapide, plus rapide que ce que je n’aurais pensé.

La période de congé démarra le 10 septembre 2018. Elle s’avère riche, mais particulière. Pour le moment, je me trouve en congés, la période de congé de formation professionnelle ne démarrant que fin novembre 2018.

Tout d’abord, cette période implique la gestion de conséquences en matière administrative et financière. En effet, le statut d’employé en congé de formation professionnelle implique une absence totale de son activité professionnelle et une baisse de salaire.

Ensuite, cette période engendre la gestion d’une perte de socialisation professionnelle. Effectivement, même si souhaitée et nécessaire pour la rédaction d’une thèse, la décharge totale de son activité professionnelle implique la perte de la vie sociale et sociétale dans le milieu professionnel, ce qui, dans le cadre d’un emploi si riche, est complexe à gérer.

Enfin, la période de congé formation professionnelle dans le but de rédiger une thèse implique des considérations d’ordre personnel. En effet, ce travail amène à devoir être organisé, à se discipliner soi-même de manière quotidienne pour se mettre au travail et rédiger, et amène à devoir gérer la solitude dans le travail de thèse, et des aspects tel le manque de confiance en soi, que le doctorant doit gérer seul.

En conséquence, une vie chez soi, que d’aucuns caractérisent comme étant un luxe, n’est pas une mince affaire lorsqu’elle est vécue et éprouvée. Cette année est donc consacrée à la rédaction de la thèse, exercice auquel je me livre de manière quotidienne, progressive et organisée.

Toutefois, je profite de ce temps pour assister à des colloques ou à des formations proposées par la faculté de droit de Strasbourg, en lien avec mon sujet de thèse ou non. Ces temps me permettent de m’extraire de la thèse et de m’ouvrir à d’autres problématiques.

En parallèle, je prépare le concours de directeur des services PJJ. Cette année constitue en effet l’occasion d’une réflexion autour d’une progression professionnelle. À cet effet, je me suis inscrite à une préparation privée à distance pour travailler le concours. Les épreuves d’admissibilité se dérouleront fin mars 2019, et les épreuves d’admission auront lieu fin mai 2019.

Mon congé de formation professionnelle arrivera à échéance fin juin 2019, je prévois de rendre ma thèse à cette date, et il est prévu que je retourne au service à l’issue de cette période. Je prévois de soutenir ma thèse fin octobre 2019.

Alors deux voies s’offriront à moi :

  • soit j’obtiens le concours de directeur des services PJJ, auquel cas j’intègrerai l’ENPJJ début septembre 2019 ;
  • soit je ne suis pas reçue, auquel cas je demeure dans le service dans lequel je suis affectée.

Après la soutenance, et si je n’ai pas intégré l’ENPJJ, je pense que je passerai à nouveau le concours de directeur des services PJJ et déposerai de manière simultanée un nouveau dossier pour intégrer l’École nationale de la magistrature.

En conclusion, la construction d’un parcours professionnel est à la fois riche et complexe. Elle demande effort, courage et persévérance. Je serai ravie d’apporter des bribes de mon expérience à des professionnels qui souhaiteraient suivre le même chemin que moi.

Je précise que le plus important pour moi est de mettre de l’émotionnel et de la passion dans toute démarche que l’on entreprend. En effet, si l’on ne procède pas ainsi, les chances que la démarche aboutisse me semblent minces.

Par ailleurs, l’aspect qui me semble le plus important dans le cadre d’un parcours au sein du service public est la capacité à l’adaptabilité. Ainsi, et de la même manière que l’agent de l’État doit s’adapter sur le terrain, s’il essuie un échec dans une démarche entreprise, cette capacité lui permettra de rebondir.


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mis à jour le 15 Juin 2022

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