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En entretien, révélez qui vous êtes et valorisez votre parcours… sans mentir

Faire sa présentation personnelle lors des épreuves orales de recrutement (concours, examen professionnel ou recrutement sans concours) ne s’improvise pas et suppose un sérieux entraînement. L’exercice est difficile car il n’est pas évident d’une part de se révéler, d’autre part de se valoriser. Lors de sessions de formation sur ce thème, des stagiaires rétorquent fréquemment : «Mais vous me demandez de mentir ?» Ils ont l’impression qu’ils doivent montrer une personnalité qui n’est pas la leur. Attention, c’est là que réside le malentendu. Les conseils et explications de Sylvie Beyssade, membre de jurys et formatrice, et de Pascal Cantin, directeur pédagogique d’un institut de formation.

Oral de concours : sortir des lieux communs et répondre aux attentes du jury

Parmi les critères d’évaluation des candidats figurent l’honnêteté et la sincérité. Il ne s’agit donc pas de se travestir. D’ailleurs, toute tentative dans ce sens serait déjouée par les membres de jurys qui sont, pour la plupart, rompus à ce genre d’exercice.

Rappelons que tout dialogue s’établit sur la base de présupposés auxquels chaque interlocuteur se réfère sans les évoquer. Nous pouvons dire que ce sont des bases dont il n’est pas nécessaire de discuter car elles sont évidentes pour tout le monde.

Nous en retiendrons quatre :

  • La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais elle est jalonnée d’échecs et de réussites.
  • Chacun a «galéré» à un moment de sa carrière professionnelle.
  • La vie familiale implique des investissements qui se réalisent souvent au détriment de la carrière professionnelle.
  • Tout le monde a le droit d’aspirer à la sécurité dans son emploi.

Ces quatre points étant connus, quel intérêt les jurys trouveraient-ils à en discuter ? En aucune façon ces sujets ne leur permettront de distinguer un candidat d’un autre candidat.

Or, le but est d’établir une hiérarchie pour ne retenir que les «plus performants». Il y a fort à parier que les membres de jurys, soucieux d’établir un classement sans faire d’erreur, bousculeront les candidats avec des questions sans relâche pour tenter d’identifier, au-delà des lieux communs qui leur sont assénés, les personnes compétentes.

Il faut bien reconnaître que ceci est paradoxal. Le candidat a l’impression de se mettre à nu alors que le jury n’a pas les informations qu’il demande.

Un exemple de vérité à éviter en entretien de recrutement

Le discours de Lucas qui se présente à un concours d’adjoint technique territorial est totalement étranger aux préoccupations du jury qui l’écoute :

Ce que dit Lucas :
«J’ai commencé ma carrière très jeune car je ne suis pas allé jusqu’au bac. J’ai occupé toutes sortes d’emplois comme livreur, cariste, puis je me suis inscrit dans une agence d’intérim qui m’a envoyé dans une entreprise d’import-export. Là, j’ai eu la chance de rencontrer un chef qui a voulu me garder. J’y suis resté presque dix ans en faisant un peu de tout, du transport, de l’entretien des véhicules. À un moment, l’entreprise a eu des difficultés et j’ai été licencié économique. Je suis resté assez longtemps au chômage parce que les emplois qu’on me proposait étaient très loin de chez moi. J’en ai profité pour me former à l’entretien des espaces verts car j’avais un jardin et j’ai toujours aimé la nature. C’est à ce moment que j’ai appris, en discutant sur le marché de ma commune, que la mairie cherchait un jardinier. J’ai postulé et j’ai été pris.»

Ce que pense le jury :
«Que sait faire ce candidat ? Quel est son emploi actuel ? Connaît-il le fonctionnement d’une collectivité publique ?»

Pourtant Lucas ne ment à aucun moment. Il ne dit que la vérité, mais pas «une» vérité susceptible d’intéresser et de renseigner le jury. Il n’est que rarement positif sur son parcours professionnel, et il ne répond pas aux attentes légitimes de ses interlocuteurs.

En entretien, ne dites pas… mais plutôt…
Si vous dites… Vous voulez dire… Le jury va sans doute comprendre… Alors, dites plutôt…
On m’a confié la responsabilité de la comptabilité. Je suis compétent car mon chef de service m’a fait confiance en me donnant une responsabilité supplémentaire. Qui est «on» ? Ce candidat n’est pas précis. Il aura du mal à transmettre clairement des informations.
Ce candidat est passif. Il n’a pas fait preuve de prise d’initiative.
Mon supérieur hiérarchique a souhaité que j’assure la responsabilité de la comptabilité en raison de mon expérience confirmée dans ce domaine.
J’ai assuré la responsabilité de la régie.
J’ai changé d’emploi parce que mon chef de service ne me laissait pas d’autonomie dans mon travail. Mon chef de service m’étouffait alors que je suis capable de prendre des initiatives. Ce candidat est-il capable d’autonomie ?
Son chef de service avait peut-être constaté une insuffisance professionnelle.
Je souhaite accéder à davantage de responsabilités.
J’ai suivi mon conjoint pendant trois ans. J’ai une vie équilibrée. Ce candidat sera-t-il réellement investi dans son emploi ? J’ai eu des activités intéressantes pendant trois ans (bénévolat, voyages, etc.)
Je veux travailler. Je suis motivé. Ce candidat a eu des périodes d’inactivité ? Je souhaite m’investir dans l’emploi que vous proposez pour telles et telles raisons.

En entretien de recrutement, établir une relation à double sens

Nous parvenons donc au principe même de la communication qui consiste, rappelons-le, à établir une relation entre deux ou plusieurs personnes. Se déverser n’est pas communiquer, car la relation serait alors à sens unique.

Échanger, c’est prendre en compte ce qu’attend son interlocuteur pour établir une relation constructive. Pour cela, il est indispensable d’engager la discussion sur des sujets d’intérêt commun.

La sélection des informations qui en résulte ne peut donc pas être assimilée à une falsification et à une pratique visant à tromper ou mentir.

Satisfaire le jury ne veut pas dire mentir

Intéresser le jury ne signifie pas, toutefois, qu’il faut répondre ce que «j’imagine qu’il veut entendre» et risquer de mentir pour lui faire plaisir. Assumer ses choix et ses convictions, s’ils sont correctement argumentés, ne pourra que vous faire ressortir du lot des candidats. Les réponses stéréotypées et convenues lassent les jurys.

Abandonner l’idée de vouloir «tout dire»

Un paramètre important, qui doit modifier l’appréciation que le candidat a de la vérité et du mensonge, est la notion de temps car, tant dans un écrit que dans un entretien, la durée d’expression est limitée. Nous savons qu’un entretien oral dépasse rarement une heure. Dans certains cas, il est même limité à un quart d’heure.

Si les informations essentielles ne sont pas données pendant le temps imparti, la présentation sera faussée et le principe de vérité ne sera pas non plus respecté. C’est pourquoi il faut abandonner l’idée de vouloir tout dire mais il faut toujours choisir ce qui intéresse ses interlocuteurs.

Toute vérité n’est pas bonne à dire

De même, il est inutile de perdre un temps précieux à tenir des propos négatifs. En aucun cas vous ne devez faire des critiques sur le comportement de votre employeur actuel ou sur un de vos anciens employeurs : «les langues étrangères ont toujours été mal enseignées en France…», «mon chef n’a jamais su…» , «depuis mon départ, c’est la panique dans le service…».

Présenter des faits et non des ressentis

Il est indispensable de prendre en compte l’interprétation des propos. Qui n’a pas expérimenté lors de sessions de formation l’exercice qui consiste à faire transiter un message de bouche à oreille ? Un participant le transmet confidentiellement à la personne assise à ses côtés et ainsi de suite… jusqu’à ce qu’il revienne de façon complètement déformé à la fin du tour de table.

En concours, la question du sens du message se pose également. Où est la vérité ? Dans ce que dit le candidat ou dans ce que le jury interprète ? Plus le premier exprime, dans son langage, des propos imprégnés d’affects, moins le jury le comprendra car il ne disposera pas des clés pour décoder des messages complexes. C’est pourquoi une communication efficace s’attache à présenter des faits et non des ressentis ou des impressions.

Prenons le cas de Sonia qui est contractuelle dans une collectivité et qui occupe un poste d’adjoint administratif. Sonia aspire légitimement à stabiliser sa situation. Elle aime son travail.

Ce que PENSE Sonia Il est temps que je devienne fonctionnaire comme mes collègues. Je travaille autant qu’eux. J’ai un petit salaire sans avoir la
sécurité de l’emploi.
Ce que DIT Sonia Je suis contractuelle. Il est normal que je me présente à un concours.
Il est temps que mon travail soit reconnu.
Ce que COMPREND le jury Cette candidate veut stabiliser sa situation, mais pourquoi la choisirions-nous plutôt qu’un autre candidat qui se trouve dans la même situation ?
Ce que VOUDRAIT ENTENDRE le jury Cette candidate devrait nous donner des arguments pour que nous puissions lui accorder une bonne place dans le classement.
Elle ne nous aide pas pour que nous lui accordions la priorité.
Ce que DOIT DIRE Sonia J’ai une expérience confirmée du fonctionnement de l’administration. Je suis contractuelle dans une collectivité et j’occupe un poste d’adjoint administratif. À ce titre, je gère les plannings des personnels du service et j’assure le suivi de la comptabilité.
S’agissant d’une petite équipe administrative composée de trois personnes, je suis amenée à prendre seule des initiatives lorsque mes collègues sont absents afin d’assurer la continuité du service. J’aspire aujourd’hui à prendre davantage de responsabilités dans le secteur public.

Les bilans des jurys indiquent clairement que leur préférence va aux personnes dynamiques, motivées pour exercer leur métier, qui sont curieuses de leur environnement et qui sont par ailleurs créatives et responsables dans la mise en œuvre des missions qui leur sont confiées.

En clair, c’est la vérité du professionnel qu’ils cherchent à connaître. Ils n’ont ni l’intention, ni l’envie d’aller au-delà en faisant intrusion dans sa vie privée. Au candidat de comprendre qu’il doit sélectionner avec honnêteté les informations de son parcours qui révèleront sa valeur et son authenticité.

Une petite note de précaution s’impose toutefois pour éviter les malentendus. Ne pas tout dire ou écrire est admis, voire recommandé. En revanche, berner son interlocuteur ou falsifier des informations peut avoir des conséquences très graves. D’ailleurs, il est souvent exigé que les candidats soient dans l’obligation de «certifier sur l’honneur l’exactitude des informations fournies».

Dans le cas des concours internes, une attestation du supérieur hiérarchique peut même être demandée. N’oublions pas que la loi punit quiconque se rend coupable de fausses déclarations. En conséquence, nous proposons une formule de conclusion et une seule : la vérité, rien que la vérité, mais pas… toute la vérité.

Sylvie Beyssade, membre de jurys et formatrice
Pascal Cantin, directeur pédagogique d’un institut de formation


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mis à jour le 22 Mar 2023

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