Secrétaire administratif au ministère de l’Intérieur, Youcef a souhaité évoluer. Il a préparé et réussi le concours interne de l’IRA de Lille. Il raconte son parcours.
Après le bac, j’ai préparé une licence en sciences du langage avec la mention FLE (français langue étrangère), puis une maîtrise FLE, un DEA sciences du langage en vue d’une thèse. J’ai également préparé un master 2 en ingénierie de la formation.
Suite à un stage dans le cadre de la maîtrise FLE (Université de Rouen), j’ai été amené à prendre en charge un groupe d’apprenants (élèves) nouvellement arrivés en France et en voie d’intégration dans des classes correspondant à leurs âges (groupes intégrés).
L’année suivante, le rectorat de Rouen, en charge de la scolarisation des enfants migrants, m’avait chargé d’un certain nombre d’heures d’enseignement. Les années suivantes, j’ai continué à travailler dans ce cadre sous diverses formes : vacataire, contractuel…
Fin 2006, j’ai été engagé (contrat de droit public) par l’Établissement public d’insertion de la Défense (ÉPIDE) au sein du centre de Val-de-Reuil (Haute-Normandie) en qualité de coordinateur de l’enseignement général, responsable du secteur «formation générale».
Fin 2010, suite à l’annonce de réformes d’envergure touchant à la structure de l’ÉPIDE, j’avais décidé de «tenter» des concours de la fonction publique d’État. C’est ainsi que j’avais réussi celui de secrétaire administratif de classe normale du ministère de l’Intérieur. J’ai pu ainsi intégrer la préfecture de Rouen à partir de septembre 2011, affecté au Secrétariat général pour les affaires régionales (SGAR) en qualité d’adjoint au chef de la mission régionale des achats.
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Mon dernier poste avant de rejoindre l’IRA de Lille fut celui de chargé du contrôle administratif et financier des Chambres consulaires au sein du SGAR Normandie, avec un volet «Coordination générale».
Mais le sentiment d’inadéquation entre le parcours d’études, le parcours professionnel précédent et le positionnement suite à ma titularisation, ainsi que mon positionnement hiérarchique et ma rémunération ont commencé à générer un sentiment de mal-être et d’insatisfaction. De plus, les modalités de promotion interne me paraissaient tellement aléatoires que la réussite d’un concours m’a paru être l’unique solution pouvant être à ma portée.
Ainsi, le concours et le passage par l’IRA m’ont semblé le chemin le plus direct et le moins biaisé d’essayer de faire valoir mon expérience professionnelle et ma formation universitaire.
Je n’ai pas eu besoin de préparation spécifique à l’épreuve écrite, puisque la méthode avait été intégrée depuis mes premières tentatives de concours. En revanche, dès l’admissibilité, je me suis inscrit à une formation «Préparation de l’épreuve orale du concours interne IRA».
J’ai été inscrit à celle organisée par la préfecture du Nord (Lille), le service formation de la préfecture de Rouen n’ayant pas l’effectif suffisant pour organiser sa propre préparation. Elle s’est déroulée sur une journée.
Parallèlement, sur mon temps libre, j’ai essayé de me tenir informé des sujets d’actualité relatifs à la fonction publique, à l’État en général (ex : Action Publique 2022->https://www.modernisation.gouv.fr/laction-publique-se-transforme/avec-les-administrations-et-les-operateurs-publics/action-publique-2022]). J’ai également revu mon dossier [RAEP (reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle), afin de mieux appréhender ma présentation orale lors de l’entretien avec le jury du concours.
L’un des éléments déclencheurs fut le départ à la retraite de mon responsable (chef de la Mission régionale des achats de Haute-Normandie) et la réforme territoriale ayant vu la fusion de régions en 2015. Une restructuration des services du SGAR commençait à se mettre en place. Celle-ci concernait donc la MRA qui se transformait en PFRA (Plateforme régionale des achats), avec redéfinition de sa structure et des responsabilités en son sein. En résumé, l’un des rares choix qui se présentait était celui de passer d’adjoint au responsable à acheteur. J’avais donc décliné «l’offre», et j’avais entrepris des démarches en vue d’une mobilité interne.
Toutes mes tentatives furent sans succès alors même que beaucoup de postes se libéraient au sein des différents services de la préfecture de Rouen (échelons départemental et régional). Les services RH de l’époque m’avaient même suggéré ou fortement encouragé à «aller voir» du côté de l’Éducation nationale, pourtant agent du ministère de l’Intérieur que j’étais. Le plus navrant et, indirectement motivant, était le fait que des collègues issu(e)s de la même promotion SACN (secrétaire administratif de classe normale) que moi, moins diplômé(e)s, se voyaient promu(e)s.
D’un côté, passer le concours de l’IRA me donnait l’espoir d’une évolution de carrière, de débouchés sur des métiers intéressants… De l’autre, j’avais des craintes liées à la scolarité et surtout à l’affectation à l’issue… la crainte de l’inconnu. Un inconnu portant et sur l’univers professionnel (Centrale / Administration territoriale / Administration de l’Éducation nationale), mais également sur l’implantation géographique de la future affectation (Paris et sa région / le grand Nord / Normandie …).
L’un de mes plus forts soutiens et conseils fut ma collègue en charge de l’accompagnement des agents au sein de la Plateforme régionale des ressources humaines (PFRH) de Normandie : soutien de la démarche, conseil en méthodologie, fourniture d’outils (guides …), construction et revue du dossier RAEP, simulations (entretiens) …
J’ai réussi le concours de l’IRA et j’ai commencé la formation à la rentrée dernière. Du côté de ma vie personnelle, j’ai subi une baisse de salaire d’environ 250 euros par mois, en plus d’une nouvelle location à Lille d’environ 400 euros par mois. De plus, un éloignement de l’environnement familial assez délicat. Des frais de transport assez importants viennent alourdir les nouvelles charges, au moins une fois par mois.
Mais deux mois après le début de la scolarité au sein de l’IRA de Lille, le bilan est assez positif. D’abord, aucun regret quant à ma démarche. Ensuite, des perspectives intéressantes commencent à se dessiner, pour peu que mes résultats permettent de les saisir. Les enseignements sont de qualité, les intervenants sont issus de divers univers pouvant élargir la palette de nos perspectives. La notion de réseau se concrétise petit à petit…
L’avenir est envisagé en lien avec des impératifs familiaux, avec des résultats de scolarité IRA escomptés, donc plutôt sous forme de «spéculations» pour l’instant. À compter du mois de février 2019, suite au classement intermédiaire et l’affectation dans un univers professionnel (Centrale / ATE / ASU), les objectifs seront plus clairs et plus précis.
À ceux qui voudraient suivre le même chemin que moi, je dirais que l’échec à un concours peut, parfois, nous interroger sur nos réelles capacités à mener à bien un projet d’évolution professionnelle. La persévérance, la confiance en soi, savoir s’entourer, se tenir informé des évolutions institutionnelles et organisationnelles, légitimer ses ambitions en valorisant ses compétences et son parcours… sont les principaux éléments pouvant aider à trouver le chemin de la réussite.
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