M’orienter vers le service public n’avait rien d’une évidence. Comme de nombreux immigrés, mes parents ont beaucoup investi sur l’école. J’étais d’abord scolarisé en ZEP à Montreuil (Seine-Saint-Denis) puis dans le privé à Paris. Ayant de bonnes notes, j’ai pris la filière scientifique, plus par obligation que par intérêt.
Après le bac, j’ai beaucoup hésité, mais faire un IEP ne faisait pas partie du paysage. Après deux tentatives en 1re année de médecine, je me suis réorienté vers le droit car j’étais passionné d’histoire, je voulais découvrir le fonctionnement des institutions. Le droit reste une filière généraliste les premières années.
C’est une rencontre qui a créé le déclic, avec mon chargé de TD de droit constitutionnel. Il m’a parlé de Sciences Po, de ce que représente le service public en France, la dimension d’intérêt général. Je crois que c’est ce que je recherchais car je ne souhaitais pas devenir avocat.
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J’ai donc passé l’examen pour intégrer Sciences Po en master, avec l’intention de passer des concours, peut-être celui du Quai d’Orsay. Je me passionne pour les langues et les civilisations étrangères et voulais – un peu naïvement – participer aux échanges entre les peuples.
Puis j’ai découvert le concours de l’ENA, à travers les témoignages de mes professeurs, anciens élèves de l’école. Je me suis fait violence pour vaincre l’auto-censure, cette idée que «ce n’est pas pour moi» et j’ai passé le concours.
J’ai fait l’ENA entre 2013 et 2015, c’était la promo Winston Churchill. Aujourd’hui je suis le premier fonctionnaire de ma famille et avec le recul, c’est un beau métier – pas le seul – pour qui souhaite être utile aux autres, s’engager dans des projets parfois lourds à gérer mais avec un réel impact sur la vie de la collectivité.
Après l’ENA, j’ai choisi de servir au sein du ministère des Finances, à la direction du Budget, où je m’occupe du financement des politiques sociales : les prestations familiales, les minima sociaux, l’accueil des réfugiés.
C’est un métier très complet. On y rédige des textes de loi ou des décrets, on évalue les politiques publiques et on conçoit des projets de réforme, on suit l’évolution des dépenses publiques et on négocie les crédits dont les ministères ont besoin. Bref, on est au cœur de la machine de l’État, là où se prennent les arbitrages budgétaires.
Je resterai encore au moins deux ans dans ce ministère en tant qu’adjoint au chef de bureau avant, soit d’être promu chef de bureau, soit d’effectuer ma mobilité dans une autre administration, peut-être une collectivité ou un opérateur de l’État.
Si je devais essayer de conseiller des personnes qui hésitent à passer les concours ou qui n’ont pas l’opportunité de faire une année de prep’ENA, je leur dirais surtout de glaner autant d’informations que possible au moment de se lancer.
Avec plusieurs camarades et collègues, nous avons créé il y a plus de deux ans la page Facebook «Prépa Concours A+», où nous partageons des conseils de méthode, des veilles d’actualité, et organisons des entraînements aux épreuves ou des rencontres avec de hauts fonctionnaires en poste.
Il me semble très important, lorsque l’on a eu de la chance dans son parcours, de partager autant que possible son expérience pour soutenir ceux qui débutent un tel parcours et qui n’ont pas toujours accès aux «codes» et à l’information. Peut-être cela contribuera-t-il à ouvrir davantage la haute fonction publique à des profils différents !
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