Après différents postes dans l’administration territoriale et en détachement auprès de Pôle emploi, Sigrid a demandé une disponibilité pour créer son entreprise : elle développe une plate-forme d’emploi public.
Dès mes études, j’ai souhaité me diriger vers le service public : j’avais envie de contribuer à un projet, de me sentir utile à la société, d’être au service des usagers. Pour y parvenir, j’ai suivi un cursus «classique» : sciences po à Paris, pendant 5 ans. Je me suis orientée vers le master «affaires publiques» en alternance. J’ai alors eu l’occasion de faire des stages dans le public et dans le privé.
En 2011, j’ai réussi le concours d’administrateur territorial. J’ai suivi une formation de 18 mois à l’INET (Institut national des études territoriales), à Strasbourg, pendant laquelle alternaient cours et stages. Mon dernier stage s’est déroulé au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, au sein de la DRH. On m’y a ensuite proposé un poste de directrice adjointe de la communication que j’ai occupé pendant 2 ans. Puis, suite à la fusion des régions, je suis devenue responsable du pôle communication de Lille pendant 1 an.
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Mais en 2016, j’ai souhaité retourner à Paris et j’ai postulé pour un poste à la direction générale de Pôle emploi, domaine qui m’intéressait et qui était lié à mes expériences professionnelles précédentes. J’y ai été recrutée en détachement en tant que directrice adjointe des services aux demandeurs d’emploi. J’ai notamment travaillé sur l’adaptation de l’offre de services proposée aux demandeurs d’emploi en fonction de leur degré d’autonomie dans leurs recherches.
Dans le cadre de mon poste, je faisais beaucoup de veille sur l’emploi, dans le service public comme dans le privé. Il y a eu une évolution dans la manière d’appréhender le recrutement ces dernières années : il s’est digitalisé et il emprunte désormais les codes du marketing et de la communication. Côté service public, cette transformation a commencé mais les outils à disposition n’ont pas forcément évolué. J’ai alors eu envie de contribuer plus activement à la transformation du service public en créant une plateforme d’emploi public d’un nouveau genre, qui permette au candidat de se projeter davantage sur un poste plutôt que d’avoir des offres d’emploi formatées qui n’en disent pas assez.
Au début, je n’envisageais pas forcément ce projet sous la forme d’une création d’entreprise. J’imaginais plutôt une solution en interne, sous forme d’intrapreneuriat par exemple. Ce type de dispositif commence à se développer dans la Fonction publique, mais il doit être porté par une institution, ce qui est compliqué dans le cas d’un projet transversal comme le mien. Dans le même temps, j’ai été prise dans un incubateur de startups à Paris.
J’ai alors décidé de me mettre en disponibilité pour création d’entreprise, après m’être renseignée sur les démarches à suivre auprès de conseillers RH de ma collectivité. J’ai déposé mon préavis pour mettre fin à mon détachement à Pôle emploi et adressé ma demande de disponibilité auprès de mon service RH. Mon dossier a été envoyé à la commission de déontologie qui devait se prononcer sur l’autorisation de ma création d’entreprise. Trois mois après, j’ai obtenu cette autorisation, ce qui a coïncidé avec la fin de mon détachement. Ma disponibilité a été effective à partir de ce moment-là et je n’ai pas rencontré d’obstacle particulier.
Cela fait maintenant 1 an que je travaille sur le développement de ma plateforme d’emploi, Profil Public. La difficulté la plus importante dans ma situation, c’est la question des revenus. Je ne touche bien sûr plus aucune rémunération de la Fonction publique et, n’étant pas au chômage mais en disponibilité, je n’ai droit à aucune indemnité. De plus, quand on lance un tel projet, les premiers revenus qu’on en tire sont le plus souvent aussitôt réinvestis dans l’entreprise. C’est pourquoi je réalise en parallèle des missions de conseil en communication, sous un statut d’auto-entrepreneur, mais je préférerais pouvoir me consacrer à temps plein à Profil Public. Je reconnais toutefois que c’est aussi une chance de pouvoir, grâce à la disponibilité, tester un tel projet et retourner dans la Fonction publique si cela ne fonctionne pas.
Je souhaite actuellement poursuivre le développement de ma startup qui me permet de contribuer autrement au service public et je n’exclus d’ailleurs pas de réintégrer la Fonction publique.
Ce que je conseillerais aux agents publics qui voudraient créer leur entreprise, c’est peut-être d’y aller petit à petit, en testant même une micro-idée en parallèle de son travail, de ne pas se mettre en disponibilité trop vite afin de garder une source de revenus régulière. Il faut aussi s’entourer d’autres créateurs d’entreprise pour pouvoir parler de son projet.
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