Après 8 ans d’enseignement en école primaire, Emmanuelle a bénéficié de 2 détachements : le premier au sein du ministère de l’Éducation nationale, le second vers le ministère de l’Agriculture. Elle raconte son parcours.
Je suis devenue professeure des écoles en 1998 après des études artistiques et culturelles et quelques années de petits boulots. J’ai enseigné dans tous les niveaux de la maternelle au CM2, avec des publics variés. J’aimais beaucoup mon métier.
En janvier 2006, j’ai eu un accident de la vie et je suis entrée dans des problématiques de santé complexes. J’ai repris plusieurs fois le travail mais je n’arrivais plus à soutenir le rythme de la classe et les exigences de la profession. En mai 2009, après une période de longue maladie, je me suis retrouvée sous le coup d’une inaptitude à enseigner en présentiel (c’est-à-dire à exercer mon métier).
La période qui a suivi fut très difficile pour plusieurs raisons : beaucoup d’incertitudes, de craintes et peu d’accompagnement de mon employeur. J’ai bénéficié de trois ans d’aménagement thérapeutique mais en parallèle, aucune démarche pour envisager l’avenir à 35 ans. Il m’a fallu prendre le problème à bras-le-corps pour entrer dans une démarche de mobilité. Heureusement, ma santé s’est améliorée et j’ai reçu le soutien de mes proches.
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À partir de 2012, j’ai effectué une mobilité en interne avec une bascule du premier vers le second degré par la voie du détachement. Je suis devenue conseiller principal d’éducation (CPE).
En 2014, j’ai intégré le corps des CPE. Ce nouveau métier me permettait d’investir ma connaissance du système éducatif, des relations avec les familles et les partenaires. De plus, il m’a permis de développer de nouvelles compétences : manager une équipe, rendre compte et assister le chef d’établissement…
Toutefois, la réflexion que j’avais entamée sur mon évolution professionnelle n’avait pas encore abouti et elle s’est poursuivie.
J’ai rencontré un conseiller mobilité-carrière de la PFRH de Bordeaux à l’occasion d’une formation SAFIRE (système d’information pour l’animation de la formation interministérielle régionale). Cela m’a ouvert l’horizon des autres ministères et des trois versants de la Fonction publique. J’ai même envisagé le secteur privé. Le champ des possibles s’est démultiplié et cela m’a confortée dans ma démarche.
J’ai affiné mon projet avec lui et exploré plusieurs pistes grâce à des enquêtes-métiers et un stage de 15 jours dans une chambre des métiers de l’artisanat (service formation tout au long de la vie – FTLV). En parallèle, je me suis exercée à l’entretien de recrutement, fait évoluer mon CV et ma technique de rédaction des lettres de motivation. J’ai aussi suivi des formations en lien avec la mobilité professionnelle.
À partir de juillet 2016, j’ai postulé à des annonces parues sur le site Place de l’emploi public. J’ai passé 7 entretiens de recrutement. C’est un exercice complexe et la pratique est garante du succès. D’autant qu’au cours de cette période, j’ai aussi affiné mon orientation professionnelle et préparé mes proches à un changement majeur dans notre vie familiale.
En mai 2018, j’ai postulé à une annonce qui correspondait exactement à la mission que je recherchais. À la suite de 2 entretiens de recrutement, j’ai effectué, en septembre 2018, une mobilité en détachement au ministère de l’Agriculture après pile 20 ans de service à l’Éducation Nationale.
Je suis aujourd’hui chargée de mission à l’Agence des services et paiements. Je travaille à la direction des ressources humaines au service accompagnement. Je suis chargée de l’accompagnement collectif au changement. Plusieurs autres thématiques viendront ensuite…
C’est un changement radical dans ma vie professionnelle et personnelle. Je découvre un environnement professionnel inconnu et complexe. Je n’ai plus de contact avec le public et je dois m’adapter à de nouvelles pratiques.
Sur le plan familial, je suis actuellement «célibataire géographique». Je rentre chez moi le week-end. Le choix de changer de métier a impacté toute ma famille. Toutefois, nous étions prêts et je ne suis pas partie très loin finalement. Pour l’instant, la vie s’organise bien et je bénéficie du soutien sans faille de mon conjoint. De plus, les enfants ont grandi et ils sont presque autonomes.
Je suis vraiment contente d’avoir réussi à sauter le pas. Je bénéficie d’un meilleur salaire et de bonnes conditions de travail. J’ai des perspectives de carrière intéressantes et une grande montée en compétences devant moi. Je devrais être intégrée, en 2019, dans le corps des attachés interministériels. Cela devrait faciliter d’autres mobilités si je le souhaite…
Le fonctionnariat offre aujourd’hui beaucoup de possibilités de carrière avec des dispositifs «sécurisants» : le détachement, la mise en disponibilité… La mobilité professionnelle exige de l’endurance, un accompagnement de qualité et une bonne dose d’introspection. Il est certain que le parcours n’est pas simple mais il est possible. C’est une aventure enrichissante et source d’équilibre.
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