Florence, secrétaire médicale dans la fonction publique hospitalière, a repris des études pour devenir conseillère en économie sociale et familiale. Elle exerce actuellement ce métier dans le cadre d’un détachement dans la fonction publique territoriale.
J’ai eu un bac F8 (Sciences Médico-Sociales) et commencé ma carrière dans le privé en faisant différents remplacements en tant qu’auxiliaire de puériculture, assistante chez un médecin stomatologue, secrétaire contrôle médical CPAM, monitrice dans un centre de vacances…
En novembre 1991, j’ai été recrutée comme secrétaire médicale contractuelle à l’AP-HP (Assistance publique – hôpitaux de Paris), à l’Hôtel-Dieu. En 1992, on m’a proposé le même travail au CHU de ROUEN dans la catégorie en dessous, donc je suis passée de catégorie B à C.
J’ai obtenu le grade d’adjoint administratif (catégorie C) grâce à un examen professionnel puis j’ai réussi le concours d’assistant médico-administratif (AMA, anciennement secrétaire médical) pour passer en catégorie B.
À l’âge de 39 ans, j’ai souhaité reprendre des études de conseiller en économie sociale familiale (CESF) : j’ai passé un BTS ESF et une année pour le Diplôme d’État CESF qui valide la qualité de travailleur social.
Ce besoin de changement est né de plusieurs facteurs : la psychorigidité de la profession, le manque d’autonomie, la recherche de sens, la répétition des tâches, une évolution de la profession qui n’était plus en adéquation avec le métier choisi au départ de ma carrière, la reconnaissance de cette profession, l’intérêt du travail, les tensions permanentes hiérarchiques, le mal-être des collègues…
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Au début de cette démarche, j’ai d’abord été mal orientée par l’attachée d’administration hospitalière DRH : elle me proposait de financer moi-même ma formation. Je suis donc passée par un syndicat qui m’a conseillée et dicté les démarches à effectuer.
Ma formation a été prise en charge par l’ANFH (Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier), dans le cadre d’un congé de formation professionnelle. J’ai ensuite dû reprendre contact avec cette attachée, qui m’a été utile dans mes demandes de courtes disponibilités (1 ou 2 mois) et puis, par la suite, pour cumul d’activités et enfin mon détachement.
En résumé, j’ai démarré ma formation en 2010, ai été diplômée en 2012 et ai trouvé un travail relatif à ma reconversion professionnelle en avril 2017 à 75 km de chez moi.
J’ai tout d’abord demandé à ma DRH un cumul d’activités, puisque j’ai été recrutée uniquement une journée par semaine (le lundi). Ensuite, j’ai démarré un temps plein le 17 juillet 2017, dans le cadre d’un détachement que je renouvelle pour l’instant tous les ans pendant 5 ans (à confirmer). Je suis détachée de la fonction publique hospitalière pour la fonction publique territoriale.
Avant de trouver ce poste, j’ai effectué de nombreuses recherches sur des sites internet, des forums… Puis j’ai participé à une journée mobilité des agents de la fonction publique hospitalière organisée à la Cité des Métiers à Rouen. Au détour de cette manifestation, j’ai rencontré le conseiller mobilité et handicap au Centre de Gestion 76, que j’ai recontacté ensuite pour des conseils et du soutien, la relecture de courriers, de mon CV. J’ai aussi rencontré la conseillère mobilité-carrière de la PFRH de Normandie qui a passé beaucoup de temps à m’écouter, m’a conseillée, orientée, donné des avis sur mes courriers, voire fait des corrections quand nécessaire.
Je relançais régulièrement la directrice des ressources humaines par des rendez-vous. Accompagnée par les partenaires sociaux (syndicats), je réitérais des demandes de soutien dans mes démarches. J’ai été reçue trois fois par la directrice de l’époque qui souhaitait me soutenir auprès des différents services de l’hôpital qui auraient pu m’inclure dans un de leurs projets, d’autant que l’hôpital était inscrit dans différents plans : amélioration des conditions de travail, des RPS, réinsertion socio-professionnelle pour des agents qui reprennent leur travail après un long arrêt. J’ai alors écrit différents projets en expliquant la valeur ajoutée que pourrait avoir un CESF…Tous les responsables des services m’ont accueillie.
J’ai pris contact avec des CESF dans différentes structures en France, avec France ESF (association nationale qui promeut la profession de CESF). Tous les soirs pendant 4 ans, j’ai fait des recherches d’emploi. J’ai adressé une multitude de courriers, courriels, appelé différentes structures privées, services de la fonction publique territoriale… J’ai écrit au Conseil général qui m’attribuait un numéro et m’envoyait une lettre type réponse négative à chaque fois, sans jamais me proposer de me rencontrer (bien que j’aie effectué mes stages de diplôme d’État sur l’UTAS 3 – très bon stage).
À ma demande, j’ai rencontré l’adjoint à la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) sur Rouen pour demander un soutien. J’ai écrit à la direction de l’ARS avec copie à ma DRH pour demande d’un soutien pour un agent de la fonction publique hospitalière qui souhaite mettre ses compétences à profit ou soutien pour une recherche d’emploi en tant que travailleur social. J’ai aussi écrit au ministre de l’époque pour savoir quel soutien était possible. Je n’ai jamais obtenu de retour.
Je me suis investie dans le monde associatif, tout d’abord dans une association sensible «à la la stigmatisation des personnes présentant des troubles psychiques». Je proposais de corriger des devoirs d’étudiants CESF pour rester dans la mouvance de quelqu’un qui sort des études et pour pouvoir partager toujours et encore… Les vendredis matin (jour de mon temps partiel), je donnais des cours de français à l’association France Terre d’Asile.
Je me suis abonnée à plusieurs revues dans le social pour avoir une veille informationnelle suffisante pour chacun de mes entretiens. Je me suis inscrite sur le site Indeed (offres d’emploi), j’allais régulièrement sur les sites de Cap Territorial et Pôle emploi.
Si l’on fait le choix de s’orienter vers une nouvelle profession, je conseille de :
- Ne jamais se décourager, ne jamais lâcher prise.
- Croire en soi, travailler son estime de soi.
- Bien s’entourer (famille et amis).
- Être dans une veille informationnelle permanente en fonction de la profession choisie.
- Trouver des alternatives, bien entendu en rapport avec la profession choisie (pour se constituer une expérience) : par exemple se joindre à une association.
- Mesurer la fougue, la passion que l’on a et que l’on peut retransmettre pour que cela ne devienne pas un frein.
- Rencontrer un maximum de personnes pour information, orientation, conseils. Il faut en rencontrer un certain nombre, très peu sont de bon conseil et motivés à vous renseigner.
Les conseillers mobilité-carrière doivent continuer d’exister : qu’ils puissent former les personnels RH dans l’aide à la mobilité des agents, qu’ils leur apprennent à laisser leur ressenti de côté… Qu’il y ait des formations sur l’accueil des agents, l’écoute, des sensibilisations à ce que ces personnels aient une réelle veille informationnelle dans le domaine. Travailler avec et pas contre la direction, avec l’agent et pas contre. Que ces personnes se sentent impliquées dans leur travail et soient force de proposition.
Heureusement, malgré le nombre de démarches effectuées, de personnes appelées, rencontrées, il est possible un jour d’être écouté, entendu, sélectionné pour un poste.
Le Guide de la mobilité peut servir entre autres à faire prendre conscience à tous les acteurs concernés par la mobilité des agents de l’utilité qu’ils ont à faciliter les différentes démarches. Que tout le monde peut ressortir «gagnant» de cette implication. La prise en compte de cela permettrait moins de mal-être au travail, plus d’implication de l’agent, de dynamisme, un travail plus collaboratif, un mieux vivre ensemble, et contribuerait, à mon sens, à une meilleure image de la fonction publique.
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