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Vincent, 48 ans, éducateur à la PJJ, en détachement au ministère de la Transition écologique et solidaire

Vincent, 48 ans, éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (ministère de la Justice), est actuellement en détachement sur un poste de chargé d’études «suivi de la programmation du logement locatif social» au sein de la DREAL Grand-Est (ministère de la Transition écologique et solidaire). Il raconte son parcours professionnel.

Après une expérience d’éducateur au sein d’une association privée durant 2 ans (cela après avoir travaillé 7 ans dans le domaine du commercial au Grand Duché de Luxembourg), j’ai travaillé au Centre départemental de l’enfance à Metz en tant qu’éducateur contractuel. Mon statut «précaire» m’a poussé à passer le concours national d’éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse que j’ai obtenu en 2004.

J’ai suivi une formation rémunérée sur 2 ans, alternant stages pratiques et cours théoriques, qui me permettait également d’effectuer un cursus universitaire afin d’obtenir une maîtrise en sciences humaines et sociales.

À l’issue de ces 2 années, j’ai été affecté à Charleville-Mézières, et rapidement j’ai pu obtenir un poste d’«éducateur volant» au sein de la Direction interrégionale Grand-Est, avec comme mission principale d’effectuer des remplacements au sein des structures d’accueil en difficulté RH.

Deux ans plus tard, j’ai demandé ma mutation sur Metz au sein d’un Centre de placement immédiat (actuellement EPE) où je suis resté environ 4 ans. Cette période a été usante et difficilement conciliable avec ma vie privée du fait des horaires (travail posté sur 3 plages horaires), mais également le contact des usagers qui devenait très pesant et usant…

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J’ai souhaité par la suite prendre du recul avec cette fonction et cet univers en demandant une disponibilité pour convenances personnelles.

J’ai donc travaillé dans le privé, en tant que responsable de secteur dans le domaine de la propreté au sein d’un groupe international où j’ai pu obtenir un CDI suite à 2 mois d’essai… Ce secteur d’activité m’interpellait et me permettait de trouver du lien et du sens avec mon parcours scolaire et professionnel empreint de missions commerciales et sociales.

Ce nouveau champ professionnel m’a permis d’investir un univers professionnel neuf avec de nouvelles missions m’ayant permis de m’aguerrir sur de nouvelles compétences (réalisation de contrôles qualité, management des personnels sur sites, participation aux appels d’offres, partenariat avec Pôle Emploi…).

Cette «aventure» n’a duré qu’un temps (environ 2 ans) car les restructurations nationales du groupe ont engendré un management et une façon de travailler à l’opposé de certaines de mes valeurs. J’ai donc pris la décision de démissionner de mon CDI.

Suite à cela, j’ai essayé d’intégrer de nouveaux ministères (comme celui des sports par exemple) mais sans succès. J’ai donc réintégré mon ministère d’origine (ministère de la Justice) où j’ai pu obtenir un poste en tant qu’éducateur en milieu ouvert.

J’intervenais auprès des jeunes qui avaient des soucis avec la justice mais qui évoluaient dans leur milieu naturel, ce qui est une approche complètement différente de celle d’un éducateur en foyer. C’était très intéressant de découvrir cette fonction empreinte de nombreuses responsabilités où le rendu-compte et les audiences judiciaires revêtaient des enjeux majeurs pour les usagers. Travailler «en partenariat» avec le juge des enfants, le substitut du procureur était très enrichissant. Mais le monde éducatif et judiciaire me pesait…

J’ai donc pris attache auprès de la responsable mobilité-carrière du service RH PJJ de la Région Grand-Est et obtenu un premier entretien afin de faire un point sur mon déroulé de carrière tout en étant «suivi» dans le cadre de mon projet professionnel.

C’est important de préciser qu’un agent de la fonction publique d’État a la possibilité de rencontrer un responsable mobilité-carrière via une demande lors de son entretien annuel avec son responsable de service. C’est une vraie bouffée d’oxygène.

Tout s’est enchaîné assez rapidement et en l’espace de quelques mois et quelques rencontres avec cette personne ressource, j’ai pu être accompagné dans mon projet et obtenir des entretiens dans le cadre de la CAP (commission administrative paritaire) du ministère de la Transition écologique et solidaire et investir ma nouvelle fonction quelques mois plus tard, en détachement (chargé d’études «suivi de la programmation du logement locatif social» au sein de la DREAL Grand-Est).

Depuis le 1er janvier 2018, j’exerce un tout autre métier, bien différent d’un éducateur, mais des «ponts et des liens» existent, ne serait-ce que par l’intitulé de mon nouveau poste où le terme «social» prend tout son sens à ce jour…

J’ai vraiment l’impression de vivre une reconversion, issue du souhait de changer d’environnement et de culture professionnels. J’avais l’impression d’avoir fait (quasi) le tour en termes de missions et d’environnement au sein de la PJJ (à mon échelle) et le quotidien devenait pesant. De plus, cette fonction d’éducateur PJJ est très usante et demande aussi une certaine honnêteté intellectuelle et professionnelle au bout d’un certain nombre d’années car le «public» côtoyé au quotidien a tendance à vous «vampiriser» et il paraît sain et nécessaire de prendre de la distance avec cet univers pour se «décontaminer».

Prendre des risques en investissant un nouveau domaine professionnel ne doit pas effrayer mais au contraire être considéré comme un nouveau challenge permettant de s’enrichir d’une culture autre et de nouvelles compétences.

C’est une vraie richesse pour moi de découvrir ce nouveau monde, au contact d’ingénieurs, de fonctionnaires issus des IRA avec des parcours également «sinueux», non linéaires mais riches.

Mon poste actuel est spécifique, les postures de pilotage et d’animation de réseau sont différentes de celles prises par mon ancienne fonction. J’apprends et je m’adapte. J’ai pu bénéficier d’un compagnonnage pendant plusieurs mois et cela semble s’avérer efficace pour ma formation et l’appréhension de ma nouvelle fonction, même si celle-ci est moins empreinte de relationnel…

J’ai demandé le renouvellement de mon détachement pour une seconde année. Je pense qu’à la suite, je demanderai mon intégration au sein de mon nouveau ministère qui regroupe également celui de la Cohésion des territoires et laisse donc aussi le choix de revenir vers un poste plus proche du terrain car en lien avec le monde de l’hébergement social par exemple.

Je n’ai pas eu peur du changement parce que le relationnel fait partie de mes forces. Je suis un peu caméléon, capable de m’adapter à différents environnements, ce que mon parcours prouvait déjà. J’ai utilisé cet atout et le détachement s’est finalement effectué assez facilement pour moi.

Je pense que l’adaptabilité est une compétence que recherchent aujourd’hui bon nombre d’employeurs parce que c’est important de permettre l’apport d’agents issus d’autres ministères afin qu’il y ait un peu de sang neuf. Cela vaut aussi bien pour la fonction publique que le domaine privé. La nécessité d’un regard neuf, d’une vision nouvelle, c’est également une richesse pour le ministère d’accueil et lui permettre aussi une certaine remise en cause, toutes proportions gardées…

Il n’y a pas eu d’impact majeur sur ma vie personnelle : je travaille toujours sur Metz et à échelon égal, mon salaire est même devenu un peu plus intéressant.

Lorsque l’on souhaite obtenir un détachement, il faut OSER, tout en ciblant ses recherches pour trouver le lien et le sens au vu de son parcours professionnel et de vie…

De plus, il est quelquefois possible de demander une immersion de quelques jours dans certains services au sein d’autres ministères dans le cadre de journées découverte ou préparation de concours par exemple. Cela permet une meilleure prise en compte des fonctions et de l’environnement.

Enfin, si l’expérience n’était pas concluante, la possibilité de réintégrer son ministère d’origine reste possible à certaines conditions.


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mis à jour le 14 Juin 2022

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